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Category CHRONIQUE
Une fille un bijou à l’hôtel Meurice : Marion

 

Premiers jours d’août et son farniente.

Pas de rendez vous, pas de téléphone, juste le plaisir de laisser filer le temps au soleil et pour moi l’occasion de vous parler de toutes les personnes que j’ai rencontrées ce mois dernier.

Aujourd’hui, j’ai sorti de mon carnet de notes ma rencontre avec Marion, début juillet, à l’hôtel Meurice, pour ma rubrique Une fille Un bijou.

Pendant la semaine de la haute Joaillerie, j’ai tellement sillonné le triangle place Vendôme / Louvre / Elysée que j’ai eu l’impression de connaître le moindre pavé des rues du Mont Thabor, Rivoli et du Faubourg Saint Honoré, et que le Ritz est en passe de devenir mon QG (crâneuse !).

L’hôtel Meurice, je le connaissais mal, juste une visite en mars dernier, Brooke Gregson y présentait sa collection dans une suite pendant la fashion week.

Il faut dire que ce célèbre palace parisien est formidablement bien placé. Entrée sous les arcades de la rue de Rivoli, face aux Tuileries, vue panoramique sublime sur Paris pour toutes les chambres coté Rivoli : du Louvre à gauche à la Concorde à droite, sous la surveillance toujours vigilante de la tour Eiffel, of course.

Marion nous a accueillies au milieu de l’après midi, dans la galerie qui prolonge le Bar 228, au rez de chaussée du Meurice. Tenue sobre et irréprochable, tailleur pantalon bleu nuit, joli top à l’imprimé discret, très peu de bijoux, Marion pétille de charme et de vivacité. Son regard émeraude sourit tout le temps, et la danse de ses jolies boucles brunes démentent le style un peu classique de son look. Et puis elle parle avec les mains, en vraie méditerranéenne, ses ascendances corses, sans aucun doute !

Avant de m’ouvrir sa boite à bijoux, Marion a pris le temps de m’expliquer son boulot, de façon extrêmement précise, professionnelle, investie.

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Elle est responsable du digital pour les hôtels Meurice et Plaza Athénée.

Ça fait déjà un moment que j’ai réalisé que FB, Instagram, Twitter et Shapchat ne sont plus seulement des obsessions addictives pour ados attardés ou adultes narcissiques, mais tout simplement un moyen de communication redoutablement efficace, qui sans mettre les médias classiques au rancard, les a tout de même sérieusement relativisés.

En parlant avec Marion, je me suis rendue compte que son job était un boulot exigeant d’ambassadrice à plein temps, on ne débranche pas de son iPhone comme on ferme la porte d’un bureau normal.

Elle est l’œil et la plume de l’hôtel Meurice et du Plaza Athénée sur le web, elle poste une fois pas jour sur tous les réseaux, elle planifie ses sujets en fonction de l’actualité, mais elle doit être souple face à l’imprévu ou le scoop. Elle est photographe, graphiste, rédactrice, parfois modèle, interlocutrice des blogueuses, des followers, des clients, et des web commentateurs en tous genres.

Elle est relativement autonome dans son job, et même si sa hiérarchie valide ses post, on lui fait confiance, ce qui est très motivant. Elle est exigeante comme une prof de français, pas de fautes de style ni d’orthographe dans ses posts, c’est tout de même le Meurice qui parle, le palace parisien des écrivains et des artistes, s’il vous plait !

Bref, Marion est sur le pont en permanence, la planète est devenue très petite depuis que nous sommes greffés à notre portable, les réseaux sociaux ne dorment jamais.

Elle m’explique que son rôle, c’est de travailler la présence à l’esprit de l’hôtel Meurice, en particulier auprès d’une clientèle jeune. De le rendre désirable, accessible, de l’intégrer dans l’agenda quotidien d’une cible exigeante et pressée, qui n’a pas toujours l’idée d’intégrer le palace parisien dans ses adresses favorites.

Ce sublime palace est un des plus anciens de Paris, et même si il compte 180 Printemps, il a été magistralement rénové par Philippe Starck en 2016. Le maître du design a su parfaitement intégrer ses meubles et objets d’une pureté moderne sous les lambris baroques du début du XIXème siècle.

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Le challenge de Marion, c’est de dédramatiser le luxe du Meurice, de clamer haut et fort que cet hôtel mythique est avant tout un lieu de convivialité et de partage, de donner envie aux gens de pousser la porte du célèbre palace.

Je dois dire que j’ai été totalement bluffée par le discours de Marion, et que je commençais à envisager sérieusement de passer mes après midi dans les salons feutrés pour écrire mes posts en sirotant un Earl Grey, pastiche improbable de Rudyard Kipling, hôte célèbre de cette grande maison.

Je crois dur comme fer à l’âme d’un lieu, et c’est souvent ce qui me fascine dans les vieilles demeures. De la même façon que les salons du Ritz sont habités par la grande Coco Chanel, le Meurice bruisse du monde littéraire, artistique et aristocratique qui l’a fréquenté pendant un siècle et demi.

Le roi d’Espagne Alphonse XIII fut le premier monarque à en faire sa résidence à Paris, succédé dans les années 50 par son excentrique compatriote Salvador Dali. Hôte régulier pendant 30 ans, et formidable porte parole du lieu, il redécora la suite du monarque de ses délires picturaux, se baladait dans tout l’établissement avec son léopard de compagnie, et demandait au personnel de lui rapporter des mouches du jardin des Tuileries.

Depuis, au Meurice, on aime les animaux, les originaux, les enfants, les personnes connues, les moins connues, les jeunes et les moins jeunes, les touristes et les hommes ( femmes) d’affaires, bref, il y a dans ce lieu un brassage internationalement hétéroclite qui en fait, au cœur de Paris, un lieu aussi dépaysant qu’étonnant.

J’étais tellement accrochée par l’histoire que me racontait Marion et qu’on n’avait pas encore abordé l’histoire de ses bijoux.

Je me suis rendue compte qu’en bonne professionnelle, elle m’avait concocté cet après midi un circuit hyper balisé. Après cette introduction sur le palace, nous sommes montées dans une suite sublime, dans un des derniers étages, avec cette vue incroyable sur le jardin des Tuileries, sa roue de l’été, et les horizons magiques de Paris.

Il faisait gris ce jour là, mais c’était amazing comme disent nos amis ricains, et je n’ai pas résisté à l’envie de faire ma princesse au Balcon, Marion a joué le jeux, j’adore cette image !

On s’est ensuite installées dans le salon de la suite et Marion a commencé à nous parler de ses bijoux, rares et intimes, concentrés de souvenirs familiaux.

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Contrairement à Julie (mon dernier Une fille Un Bijou, son amie d’ailleurs ! ) dont tous les bijoux ne tenaient pas dans le sac sans fond de Marie Poppins, Marion nous a sorti une petite boite qui contenait tous ses trésors.

Son métier ne lui permet pas d’excentricités vestimentaires, et même si elle ne porte pas d’uniforme car elle n’est pas en contact direct avec la clientèle, elle est tenue à une certaine réserve, comme tout le personnel des palaces.

Je sens que cette réserve convient bien au naturel de cette jeune fille (elle vient de m’annoncer en rougissant légèrement qu’elle n’a que 25 ans, à cet âge là je passais mon temps en boite à enquiller des Mojitos, sans me soucier du lendemain, elle, elle bosse depuis 5 ans…).  Cette réserve tient d’une forme de courtoisie, elle ne souhaite pas en dire trop par son apparence, elle me semble plus cérébrale que démonstrative, et m’avoue qu’elle porte très peu de bijoux.

Et puis sa famille, c ‘est aussi son jardin secret, elle me parle de son attachement à la Corse où elle va se ressourcer l’été, loin des connections internet, protégée enfin du web et de ses exigences insatiables.

Ses deux bagues préférées lui viennent de ses parents : une ravissante prasiolite de Pomellato qui fait écho au vert de ses yeux, et l’étoile de mer pavée de Mauboussin qui lui parle de sa Méditerranée.

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Elle me montre plusieurs ravissants bracelets, juste un fil d’or qui s’attache sur un petit diamant, j’aime tellement que je le passe au poignet, je veux le même ! Elle me répond que j’aurai du mal à la trouver, il lui vient de sa mère qui vivait en Egypte, et qui faisait faire ce modèle en cadeau pour toutes les femmes de sa famille.

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Elle me déballe de jolies bagues aux pierres de couleurs ou ses bracelets tissés, chinés au cours de voyages, un pendentif en jade rapporté de Chine par sa grand-mère (en clin d’œil à sa sœur qui s’appelle Jade), de petits anneaux en argent à cumuler, et un pendentif étoiles qu’elle me dit ne jamais oser porter, parce que ça fait trop chargé avec ce qu’elle a déjà.

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Marion fait partie des ascètes du bijoux : peu, mais choisis avec soin, toujours porteurs d’un lien ou d’un souvenir, plutôt fins qu’imposants, toujours discrets, jamais de mélanges or jaune / or blanc, et qu’elle alterne en fonction de son humeur.

Elle rit en me disant qu’elle est d’une famille de filles, que sa mère et sa grand mère étaient de grandes voyageuses, et que rapporter un bijou de leurs voyages était devenu une habitude, une sorte de rituel cadeau familial.

On était en train de tout essayer quand la surprise concoctée par Marion est arrivée : une jeune femme est entrée dans la suite et nous présenté 5 pâtisseries divines de Cédric Grolet, qu’elle a déposé avec soin sur la table basse en marbre.

Dans ce décor raffiné, les couleurs incroyables du citron vert, des fraises, des framboises, et de la vanille, ont volé la vedette aux bijoux. Je me suis dit que ces gâteaux étaient tellement beaux que c’était presque un crime de les manger !

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Cédric himself est arrivé pour nous présenter son travail, et on a adoré écouter son histoire de jeune chef récemment promu chef pâtissier du Meurice.

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Ultra mince, ultra passionné, ultra jeune, je me suis dit que cet hôtel de luxe était une véritable pépinière, et que c’était formidable de voir qu’ici, les responsabilités étaient plus liées au talent qu’aux nombres d’années d’expérience.

Marion et Cédric ont ri, et m’ont dit qu’au Meurice, tout le monde était jeune, et que c’était aussi ça l’esprit du palace, une brise légère dans un lieu chargé d’histoire, un zeste d’impertinence dans un décor grandiose.

Cédric a commencé très jeune, comme il dit, il a fait l’école de la vie.

Archi modeste, il ne raconte pas les détails de son CV (que du lourd…), il parle de ses maîtres, et en particulier de Pierre Hermé qu’il vénère par dessus tout, et de son obsession pour la perfection.

Il nous parle de ce graal qui lui a imposé deux ans de travail pour développer son fameux citron vert, inimité à ce jour, de cette énergie incroyable qui le fait travailler avec bonheur 7 jours sur 7 pour sortir quotidiennement avec son équipe 300 pâtisseries, et de cette frénésie qui l’habite pour rêver, imaginer, créer et développer de nouveaux desserts, les meilleurs, les plus étonnants, les plus irrésistibles, les plus inoubliables.

Ce mec est parfait ! Je lui pose la question de son pire souvenir. Il cherche un peu, et trouve : « la tête dans une tarte au citron que je faisais pour mon boss, quand j’étais apprenti, à 17 ans. J’avais fait la fête la veille, je me suis endormi… » Mort de rire, inutile de dire que depuis ça, Cédric est control-freak, et que plus rien, jamais, ne lui fait perdre le contrôle de lui même, au top en permanence, tel est sa devise.

Décidément, je sais pourquoi je n’ai jamais atteint ces cimes, ma Mojito addiction, jamais démentie depuis mon plus jeune âge, n’est décidément pas compatible avec la perfection…

En l’écoutant, je lui dis que j’admire son abnégation.

Il travaille deux ans sur un dessert qui sera dégusté en quelques minutes, quand les ateliers de la place Vendôme travaillent le même temps pour créer une pièce de joaillerie qui durera… éternellement.

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Il me regarde avec malice, sourit, et me dit « justement, il est là mon challenge ! C’est créer quelque chose de magnifiquement beau, de totalement éphémère, mais dont le goût unique laissera une trace dans la mémoire sensible qui perdurera… toute une vie ! »

Joli, on applaudit l’artiste, je le félicite sur sa ligne, il me dit qu’il court tous les jours dans le jardin des Tuileries pour chasser le spectre du surplus de calories, et il s’envole sur ces mots, pour préparer la tournée du soir, la pâtisserie est un art qui n’attend pas.

Notre après midi s’est achevée avec Marion autour de la dégustation des 5 délices de Cédric. Le citron vert est une explosion de saveurs et textures opposées et parfaitement complémentaires, et la tarte aux fraises des bois est relevée d’une effluve de basilic absolument dingue. Concerto de Huuum et Mmmmm, tellement bon, une série de flashs savoureux qui vous projettent dans un paysage, un tableau, un parfum ou un joyau !!!

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Cette fille est à l’image de ses bijoux; élégante, fine, raffinée, simple, et si elle est une ascète des bijoux, coté gourmandise, c’est une authentique hédoniste !

Avec sa simplicité, son enthousiasme et son sourire, en deux heures chrono, elle m’a fait de surcroit adorer l’hôtel Meurice .

Inutile de partir dans un délire, je sais que la suite dans laquelle elle nous a reçu, même pour une nuit, est un pur fantasme (ou un cauchemar pour mon compte en banque…).

Mais finalement, à chacun son luxe.

Le mien, ce sera sans doute de revenir pour craquer sur un des nouveaux délices de Cédric autour d’un thé, un diner en amoureux dans le sublime restaurant décoré par Starck, ou tout simplement, découvrir le cocktail qui détrônera mon sempiternel Mojito, un soir, quand le soleil tombe sur le jardin des tuileries, dans le merveilleux Bar 228, où bien avant moi, Rudyard Kipling, Edmond Rostand, Arletty, François Mauriac, Paul Morand et bien d’autres, ce sont appliqués à refaire le monde, autour d’un verre.

Photos Sarah Clavelly

Et aussi,  les vacances de Marion :

corse

Le sublime village dErbalunga dans le cap Corse :

  • les bains sur la plage de rochers du village, l’Eden
  • le bar Le Scalu où tout le monde se retrouve pour boire un verre
  • une délicieuse pizza et une marquise au chocolat à La Piazzetta !
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3 Comments:
3 août 2016

Juste un petit mot pour te dire que j’adore tes posts ! Suis en voyage et toujours autant de plaisir à te lire.
Gros bisous californiens. Martine

4 août 2016

Coool ! Biz de Saint Jean !!

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