Vendredi dernier vers 15h30, j’étais dans la suite de Coco Chanel, au troisième étage du Ritz, place Vendôme.
Non je ne suis pas mytho.
Non, chaton ne nous avait pas réservé la suite pour nos noces d’argent.
Non je ne refais pas ma vie avec Rupert Murdoch.
J’étais juste invitée par la maison Chanel à la présentation Haute Joaillerie, Les Blés de Chanel.
Pendant cette vingtaine de minutes qui ont filées comme un rêve, j’ai pris 100 photos de joyaux extraordinaires, j’ai respiré l’odeur verte du blé piqué avec soin dans les 3 pièces de la suite du Ritz, je suis tombée en arrêt devant le luxe inouï de chaque objet, et j’ai rêvé la vie de Mademoiselle Chanel, dont la silhouette filiforme hante chaque pièce, si loin de nous, si loin de moi, et pourtant si proche de notre quotidien. Qui n’a jamais entendu parler de Coco Chanel ? Il faudrait vivre sur la lune…
Coco Chanel est une héroïne, sa vie une épopée, et la trace qu’elle a laissée semble insoluble dans le temps. Dans le monde de la mode et du luxe, elle est devenue immortelle, et l’on continue de parler d’elle comme si elle était encore là, comme si elle pouvait se prononcer sur toutes les créations somptueuses qui sont faites aujourd’hui en son nom, comme si elle avait toujours son mot à dire, pour trancher.
Je me suis rapidement penchée sur sa vie, pour essayer de comprendre les ingrédients de ce cocktail magique qui l’a inscrite pour éternité dans l’Olympe de nos dieux modernes.
Le beige, le noir le blanc, trois non-couleurs fétiches de Coco Chanel, qui sont partout dans cette suite.
L’enfant Gabrielle, mère disparue et père absent, a été élevée dans un orphelinat, l’abbaye cistercienne d’Aubazine, en Corrèze. De cette époque, elle a gardé le goût de l’épure, des non-couleurs, des formes géométriques, des tenues sobres, confortables comme des uniformes.
Là, au Ritz, tout y est. Les lignes droites des meubles, le dessin en noir et blanc de Christian Bérard qui croque la silhouette unique de Coco, et cette photo d’elle si célèbre, les sourcils en accent circonflexes, et le regard noir, déterminé, inflexible, qui dit tellement la force de volonté de cette femme, et son désir d’être au centre de tout.
Il y a aussi ces grands lits aux draps de soie, ce miroir de sorcière, la douceur de la lumière venue de la place Vendôme, les touches de doré sur les meubles et les objets qui traduisent son amour des bijoux et des accessoires, cette féminité qu’elle réaffirme dans le style androgyne qui est le sien. On est chez une femme qui vivait sa vie comme un homme mais qui continuait de se servir de toute la palette de séduction des femmes.
Ce qui frappe dans ce lieu, c’est que c’est une annexe de chez elle, une extension de son appartement de la rue Cambon. Pourquoi ce lieu si proche et si intime en même temps ? Elle y a vécu comme chez elle le temps trouble de la deuxième guerre, période entre deux âges, période qu’on ne détaille pas trop et qu’il faudra aller fouiller chez ses biographes les plus acharnés, comme les failles de sa vie, son narcissisme insatiable, et sans doute cette dureté qui ne la quittera plus dans la solitude des vieux jours.
Gabrielle fut une enfant pauvre et abandonnée, Coco fut une amoureuse fougueuse, une travailleuse acharnée et une créatrice visionnaire, Mademoiselle Chanel restera pour toujours une icône française du 20ème siècle, dont les parts d’ombre ont été effacées pour faire place au monument à la géométrie parfaite qui ne cesse de me faire rêver.
Je sais bien qu’elle n’a pas toujours été blanche, sans doute parfois noire comme son regard, mais comment résister au charisme de cette femme qui a séduit le tout Paris des arts et des lettres de la première moitié du siècle, et dont un des glorieux amants, Pierre Reverdy, poète et immense aphoriste de l’époque, nous a laissé ces perles :
« L’éthique, c’est l’esthétique du dedans »
« L’art, c’est l’effet constant de ceux qui veillent à fixer dans le temps la saveur de la vie »
« Le style, c’est l’expression juste de la pensée, c’est son image »
« Créer, c’est penser plus fortement »
Dans la collection Chanel Haute Joaillerie Les Blés de Chanel, il y a des perles, des diamants, des saphirs jaunes, des émeraudes. Il y a le raffinement absolu des ateliers de la maison Chanel, le talent d’une équipe de création inspirée, deux ans de travail, les plus belles pierres précieuses de la planète, la spontanéité brute du brin de blé, et l’énergie éblouissante, impertinente, toujours intacte de la grande Mademoiselle Chanel.
J’ai quitté la suite du Ritz avec le pincement au cœur du retour à la réalité, de Cendrillon dont le carrosse se transforme en citrouille, de Jerry Hall qui se change en Sylvie des Précieuses, et en me disant que si j’avais vraiment refait ma vie avec Rupert Murdoch, j’aurais eu du mal à choisir dans cette collection magique, et que j’aurais sans doute tout pris !
Sublime, magistral, splendide, somptueux et au demeurant quelle simplicité!
C’est tout à la fois. Cette Mademoiselle avait quelque chose de plus, quelque chose d’envoûtant mais quelque chose qui me fascine et me bouleverse.
Bel été, à toi.
Anne-So
Merci Anne-So ! Un petit tour dans le sud ouest pour respirer l’air de l’atlantique ? Biz
très joli, simple et efficace mais je trouve un petit quelque chose pour être extra…. mais là bien-sur c’est une question de goût, la qualité des matériaux est toujours exceptionnelle de même que la finition du travail…
De l’Art en somme.
Laurent.
tres bel article et tres belles photos. Quelle elegance, quel raffinement!!Mais franchement Jerry hall et rupert ne font pas rever et je la vois pas en Chanel..
Moi non plus !
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