5 jours que la France est sidérée, 5 jours sans que je puisse pouvoir écrire un mot qui donne du sens à un autre.
J’ai du mal à écrire avec légèreté sur les bijoux, dans le contexte que nous vivons depuis 5 jours, je suis obnubilée par ce qu’en aurait pensé mon père Mohammed Arkoun, lui qui, il y a presque 30 ans déjà, au moment de la fatwa contre Salman Rushdie, expliquait les causes du «problème de l’islam», fondait le concept du triangle anthropologique sacré-vérité-violence tragiquement d’actualité, et préconisait une voie de sortie à ce problème.
Mon père était un grand penseur qui avait étudié un islam des lumières au Xème siècle, et qui pensait pouvoir le reconstruire de nos jours. Je lui ai consacré un livre sorti en septembre dernier (Les vies de Mohammed Arkoun), parce que je suis convaincue que ses combats, ignorés du grand public, méritent aujourd’hui d’êtres connus.
J’ai écrit un texte hier sur les diamants cachés, qui parlait plus de ces nouveaux penseurs de l’islam que de bijoux, j’ai fait cette analogie naturellement, car ces penseurs sont véritablement et malheureusement … des diamants cachés.
Et puis je me suis dit que je ne pouvais pas vous infliger ce truc-là, que je n’étais personne pour donner des leçons, que seul le témoignage que j’ai fait de la vie et des combats de mon père avait quelque valeur, pour ceux ou celles que cela intéresse, et qu’enfin, la vie normale devait reprendre le dessus.
« Le diamant joue à cache -cache »
Au départ, mon sujet concernait l’exposition de la Galerie Elsa Vanier, Le diamant joue à cache-cache , que je vous conseille de découvrir jusqu’au 28 février, je vous livre donc mes coups de coeurs de cette jolie manière de jouer entre la visibilité et l’invisibilité du diamant, comme pour le rendre encore plus désirable.
J’adore la bague révolution d’Agathe Saint Girons, qui fait danser les pierres et diamants dans la glissière d’un anneau circulaire, les diamants enfouis dans une écorce d’argent noirci de Philippe et Florence Ratinaud, les deux disques dos à dos de Niessing qui laissent apparaître l’éclat d’un diamant de coté, ou le cône organique de Nathalie Dmitrovic, qui laisse découvrir un diamant subtilement lové en son sein.
Je suis touchée par cette allégorie du diamant caché, elle me parle, comme le sont les beautés irrégulières, les trésors enfouis, et les lumières qui peinent à sortir de l’obscurité.
C’est ce mystère que j’avais envie de partager avec vous aujourd’hui, en attendant le retour d’un mood plus frivole, dès mon prochain post je le souhaite !
Et aussi:
Merci pour cette voix parlant d’un islam éclairé et cet article très touchant.
Ayant lu le livre que tu as écrit sur ton papa, il est clair qu’il aurait été devasté…
merci de ton message Anne-lo !
Ces actes ont réveillés les consciences, la participation de dimanche en est un signe!
Espérons que les médias donneront désormais un peu plus la parole aux penseurs, philosophes, ethnologues qui peuvent expliquer-comme ton père tentais de le faire- en quoi ces fanatiques ne sont pas de vrais croyants.
Merci Marion, pas facile de trouver le ton juste, mais il faut essayer de construire maintenant !
J’aime beaucoup votre allégorie du diamant caché et de l’analogie qui vous est venue naturellement en associant diamants qui scintillent et diamants qui illuminent et vous éclairent, comme la pensée de votre père. Je n’ai pas encore lu votre livre mais j’ai eu le plaisir de le rencontrer, très impressionnée par ce grand penseur. C’était au cours d’un déjeuner où nous l’avions questionné, il y a une dizaine d’années chez une femme exceptionnelle qui tenait une sorte de salon où l’on pouvait débattre d’idées. Elle vit au Liban aujourd’hui.
Nous allons vous suivre sur votre piste lumineuse!
Très touchée d’apprendre que vous avez connu mon père et quelle coïncidence que vous suiviez mon blog ! la vie est faite de surprises …
Bravo et merci pour ce témoignage et pour sa forme.
Je pense également à mon propre père musulman convaincu qui a transmis autour de lui une pensée de partage, d’ouverture aux autres et au monde, de tolérance.
Merci Nadia, nos histoires montrent qu’on peut déjouer la fatalité tragique qui pèse sur l’islam aujourd’hui
J’aime beaucoup l’analogie sur les diamants cachés. Tu as tout à fait raison .
C’est drôle j’ai beaucoup parlé ce weekend avec Philippe de ton père et je vais
vite acheter ton livre !
J’en profite pour te féliciter pour ce blog que je trouve vraiment intéressant .
Babeth
Merci Babeth !
Bonjour, j’aime beaucoup votre article. J’aime également le choix de de vos bijoux.
Barbara de Rouville
Merci Barbara !
Bonjour Sylvie,
J’apprécie aussi votre billet. Ne dit-on pas que le diamant est éternel ? Que votre joli blogue
de bijoux, que j’ai découvert par hasard, le soit !
merci Isabel !
Merci pour ce message lumineux, nous avons tous été meurtris au plus profond de nous. Je partage aussi votre amour de la joaillerie!