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Category CHRONIQUE
Haute Joaillerie, entre ciel et mer

 

J’ai atterri il y a 3 jours à l’aéroport de Biarritz, je me pose après 6 mois d’activité assez intense ponctuée de voyages.

J’ai rarement autant pris l’avion, ma carte Fréquence Plus est en passe de virer au rouge sinon au gold, je me prends pour la copine de Georges Clooney dans «  In the Air », je suis devenue une pro de la valise idéale et du passage de la sécurité zéro faute (plus de démaquillant Chanel de plus de 100 ml jetés impitoyablement à la poubelle par les mecs de la sécurité), et mon encéphalogramme reste plat en passage de turbulences, ce qui n’était pas gagné au départ… L’avion fut pendant longtemps ma phobie number 1, avec sa ribambelle de terreurs, angoisses, sueurs froides, harcèlement de personnel navigant et trousse de secours bourrée de Xanax…

Bref, après le Mexique, Beyrouth, Las Vegas, New York, Londres, Beyrouth again et Dubai, me voilà enfin revenue à ma case pause estivale, Saint Jean de Luz , sa triangulaire Biarritz-Guethary-Hendaye, son surf et sa Rhune, et ma petite routine de l’été, autour de tout ce qui se concentre autour d’un l’objectif unique : vivre plus lentement.

L’immobilité par opposition au mouvement, le mode pause, le coup de frein dans le mouvement frénétique que nous donnons à nos existences modernes, n’est ce pas ce qu’il faut retenir de cette période estivale ?

Bon je ne vais pas vous la refaire sur ce thème, mais l’immobilité n’est pas ma tasse de thé, disons que si je me résouds à planter mon campement à Saint Jean de Luz pendant presque un mois, ma bougeotte chronique recommence à me démanger très rapidement… Mes gènes doivent avoir été contaminés par des tribus nomades quelque part en Afrique du nord… mais ça c’est une autre histoire !

Ce qui caractérise la côte basque que j’ai fini par adopter malgré son climat récalcitrant et son taux d’humidité record, c’est la tonicité électrisante de la région.

Il y a ici une énergie que j’aime, un mouvement perpétuel propulsé par la conjugaison de la houle de l’atlantique et de la force des montagnes pyrénéennes toutes proches.

On ne vient pas ici par hasard, juste pour se faire le pile et face sur le sable.

D’abord par ce que le soleil y est trop capricieux, et puis parce que les vagues sont trop fortes, les montagnes trop proches, le piment d’espelette trop piquant, et que le Basque, comme le Corse, a le caractère trop trempé pour se laisser aller à une vie lénifiante.

Donc ici, on mange comme un ogre, on boit comme un trou, on sort toute la nuit au Blue Cargo ou au Caveau, on gravit la Rhune au pas de charge, on grimpe sec à vélo, on traverse la baie de St Jean à la nage, on trail du cap du Figuier à Passarès en dominant l’atlantique, on surf à Bidart, bref, ici, on fait tout sauf se la couler douce, à bon entendeur… Koalas en mode sieste passez votre route, ici il n’y a que des dingos du sport.

Autre chose que j’aime bien ici, c’est l’Histoire. En dehors de la langue basque qui est une énigme linguistique du monde ancien, il y a la rencontre du roi Louis XIV avec la future reine de France, l’infante d’Espagne sur la mythique place de Saint Jean de Luz, il y a l’amour immodéré de l’écrivain–voyageur Pierre Loti pour la baie de Chingoudy à Hendaye, et il y a l’engouement romantique de toutes les icônes du début du siècle pour la ville de Biarritz.

Construit par l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie, la résidence du Palais, devenu hôtel, a vu passer toutes les célébrités du siècle, de Jean Cocteau à Jacques Chirac, pour faire court.

Mais ce qui m’intéresse, ce sont les années 20, ces années folles et libératrices qui ont ancré la légende de cette ville entre luxe et volupté, grâce, entre autres, à la légendaire Coco Chanel, dont la première boutique a ouvert à Biarritz.

Coco-Gabrielle me fascine. Ce blog parle  des créateurs de bijoux, et pas souvent des marques de la place Vendôme, mais Chanel est une exception. C’est un personnage exceptionnel, visionnaire, charismatique, paradoxal, ambivalent. C’est une éternelle amoureuse, atypique, narcissique, mystérieuse, cruelle, bref, mythique.

Tout comme je déteste la lenteur émolliente des vacances, je déteste la mièvrerie.

Coco Chanel était tout sauf mièvre. Elle était intense, au-delà des normes. Elle n’était ni belle ni laide, elle était singulière.

Elle n’était pas du tout gentille, personne ne peut lui attester cette qualité, même la talentueuse équipe de communication de la marque qui travaille à faire briller éternellement l’aura de son icône, ne parle jamais de gentillesse en ce qui la concerne…

Coco-Gabrielle était une femme égocentrée et égoïste, dont la vie a eu sa période trouble au moment de la deuxième guerre mondiale.

Elle a eu plein d’amants, tous plus riches les uns que les autres, et disons le tout cru, au début, elle fut une cocotte pour sortir de sa condition précaire, et pour trouver des fonds pour lancer son nom et son affaire.

Je la vois volontiers cruelle, manipulatrice, avide, mais d’un talent et d’un charme dévastateur.

J’admire sa liberté, sa façon de jeter les corsets aux orties, de raccourcir les jupes, de couper les cheveux, de faire maigrir les silhouettes féminines, de vivre en plein air, de faire du sport et d’enchainer les amants. Elle était, comme Simone Veil le fut après elle, une féministe dans les actes plus que dans les idées.

Coco aimait Biarritz, elle aimait l’océan, le bleu de la mer, mais aussi la méditerranée, la Riviera, le yacht du IIème Duc de Windsor, le charme viril des marins et de leurs tatouages… Oui, Coco Chanel était aussi une femme qui aimait les hommes passionnément.

Et je trouve que cette faiblesse là était finalement son plus grand talent.

C’est ce croisement entre mon modeste chemin au dessus de la plage des basques à Biarritz et la route de l’icône de la mode du 20ème siècle que je salue aujourd’hui, avec cette collection haute joaillerie imaginée et présentée par la marque début juillet.

Cela me permet de faire mon petit flashback sur cette semaine exceptionnelle, qui fait de Paris le carrefour des professionnels de la haute Couture et de la Haute Joaillerie.

Le 3 juillet, je suis allée voir cette collection  » Flying Clouds « , présentée par Chanel place Vendôme dans tout le faste de la grande maison. Une ambiance marine dans une salle noire, des voiles et des cordages, une mini piscine d’eau turquoise qui bouge, une mise en scène parfaite pour ressentir cette sensation unique de liberté entre le ciel, l’air et la mer.

Avec cette manchette inspirée du tatouage d’un marin, cette autre qui dessine une marinière de saphirs et diamants autour d’un diamant jaune, et ces photos d’inspiration autour de l’univers marin.

Mais dans ce flashback vers la première semaine de juillet consacrée à la haute joaillerie, il faut aussi que je vous parle de mon émerveillement pour la ligne  » Dior à Versailles « . Parce qu’entre Chanel et Dior mon cœur balance, je me la joue un peu Jeanne Moreau dans Jules et Jim…

Si mon admiration pour Chanel doit beaucoup à la personnalité explosive de la grande Mademoiselle, c’est le talent inouï de Victoire de Castellane que je salue chez Dior.

La créatrice explore cette fois-ci les jardins du domaine royal, leurs bassins, leurs statues, et l’ordonnance architecturée de ce monde végétalisé.

J’ai eu un choc olfactif et visuel en entrant dans l’hotel particulier de la maison Dior avenue Montaigne : tout sentait la rose, tout disait la rose, les jardins, le lierre, et le mystère des statues antiques, comme si Aphrodite nous présentait ses trésors, une explosion de pierres précieuses minutieusement ordonnées sur des bagues surréalistes et des manchettes envahissantes.

Entre la pureté marine de Chanel et l’opulence baroque de Dior, je vous laisse le choix, je n’ai toujours pas tranché, décidément j’adore les deux !

J’ai poursuivi ma semaine haute joaillerie en allant pour le première fois dans la plus ancienne maison de joaillerie de la place Vendôme, Mellerio. Je rencontre la créatrice, 14ème génération d’une saga familiale, qui me présente avec beaucoup de simplicité ses dernières créations autour de la tourmaline verte, de l’émail et d’un camaïeux de saphirs roses.

Encore un voyage dans le temps que je prendrai le temps de vous raconter ultérieurement, cette marque qui est le fournisseur officiel des cours royales européennes depuis 400 ans est une mine de légendes.

Et puis, dernière étape de mon périple,  j’ai organisé une séance photos des pièces exceptionnelles de Selim Mouzannar, photos prises par Sarah  à la volée dans la canicule parisienne de Juillet.

Le joaillier libanais nous fait voyager dans le monde merveilleux de l’empire Ottoman, ses secrets d’orient, ses talismans, ses grigris magiques, et ce sautoir incroyable, le Kastak, inspiré de la montre gousset des dandys du XIXème siècle.

Un collier tellement sophistiqué qu’il faut un Master II en montage de bijoux pour savoir le présenter… Comme en témoigne ma tête légèrement crispée sur ces photos, en découvrant le somptueux collier monté à l’envers par une journaliste aventureuse.

J’ai mis 20 minutes montre en main à remettre dans le bon ordre les différentes chaines vintages dont il est composé, avec l’aide précieuse de mon assistante Chloé, sous l’œil narquois de notre mannequin préférée Magali.

Mais pas de regret, le Kastak et les Tassels précieux de Selim Mouzannar font partie des pièces que j’ai aimé pendant cette semaine de la haute Joaillerie, comme les bijoux oniriques et antiques de Sylvie Corbelin, une autre de mes créatrices favorites qui s’inspire avec bonheur du passé.

J’ai adoré sa torque, son bracelet résille et ses poissons ravissants, je vous les livre en talismans précieux, avant d’aller nager dans le bleu profond de l’océan atlantique à coté de Biarritz, entre ciel et mer, dans le vent de liberté de l’été.

Belles vacances à tous et à bientôt pour de nouvelles histoires joaillières !

2 Comments:
4 août 2017

Louis XIV a rencontré pour la première fois l’infante d’Espagne sur l’île des Faisans à Hendaye, sur la Bidassoa et son « vrai » mariage a eu lieu à Fontarrabie….Saint-Jean de Luz a récupéré les mondanités, comme d’habitude…Mais bravo pour le lien avec la Côte Basque et ton art à mettre en valeur la beauté en toute chose avec un coup de cœur pour le sautoir Kastak,.

7 août 2017

Sylvie, ta lettre est à la fois intéressante, drôle et très joliment écrite !!! un vrai plaisir de te lire. On te souhaite de belles vacances bien méritées. Gros bisous. Martine

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