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Category CHRONIQUE, Tendances
Les petites nouvelles 4/4 : Magali

Magali Pont est-elle vraiment une petite nouvelle de la création de bijoux ? Oui et non pas du tout, mais comme elle vient de lancer sa marque éponyme, j’ai eu envie de la retrouver et de vous la présenter avec un œil neuf.

Six années se sont écoulées depuis notre dernière rencontre, elle a fait du chemin depuis. C’est toujours intéressant de confronter son propre parcours à celui des autres, chacun avance selon son propre système, en ligne droite ou en virages, en continu ou en pointillé, par palier ou en looping (moi je suis très looping, d’ailleurs en ce moment j’ai plutôt la tête en bas … ), peu importe, l’idée, c’est le mouvement.

Magali a le don de créer des bijoux comme on invente une histoire, et ce processus agit comme la mue du serpent. A chaque nouvelle histoire, elle se réinvente avec l’enthousiasme de l’éternelle jeunesse, et même si elle gagne en maturité, on sent bien, quand on l’écoute ou la regarde, que la flamme adolescente brule toujours intensément en elle.

Elle était le quatrième et dernier rendez-vous de ma journée découverte, je devais être un peu flapie, mais il a suffi que je pousse la porte de son appartement pour que la tornade d’énergie Magali m’entraine dans son souffle. Gracile, brune, le regard de braise à la Fanny Ardant, la voix rauque à la Dany, le geste espiègle, j’ai retrouvé dans l’instant la fougueuse créatrice de la marque AIME que toutes les filles branchées s’arrachaient il y a quelques années.

Elle habite dans un vieil immeuble du marais, dans une de ces rues étroites et animées qui jouxtent le BHV. La bibliothèque monumentale en laque noir qui trône dans son entrée accentue l’effet clair-obscur, vous propulsant dans un décor des Milles et Une nuits. En une fraction de seconde, je reconnais ce qui fait le talent de Magali, cette capacité à nous prendre par la main et à nous emmener dans son univers onirique flamboyant.

Elle nous explique qu’elle a déniché ce meuble dans la rue, oui c’était un peu lourd et compliqué à monter, mais c’était trop beau alors elle n’a pas pu résister, nous dit-elle en nous entrainant ma photographe Delphine et moi même dans son grand salon baigné de lumière. Du grand Magali, le genre de fille à partir acheter du pain en talons aiguilles pomponnée-bijoutée et à revenir avec un meuble d’un quintal dans un camion de déménageur, parce qu’il est joli… Je me dis qu’on n’a vraiment pas tous la même perception du concept de « première nécessité », n’en déplaise à notre gouvernement actuel.

Magali est en mouvement perpétuel, elle bouge, elle parle, elle rit, elle s’excuse, elle nous offre des gâteaux, un thé, elle explique qu’elle habite ici avec Hadrien, son amoureux, son mari, le père de ses trois enfants, son associé, son double créatif depuis toujours.

Hadrien n’est pas là, mais il est partout dans la pièce. Sa musique, ses objets et surtout cette fresque incroyable qu’ils ont peint ensemble sur le mur du salon témoignent de la relation fusionnelle de Magali et d’Hadrien. Le décor de leur vie ressemble à cette fresque peinte à quatre mains, explosive, colorée, intense. Magali m’explique qu’ils ont flashé sur un jeune artiste lors d’un voyage au japon, et qu’à peine revenus, ils ont peint cette fresque inspirée de son travail.

« On y a passé des nuits, m’explique Magali, parce que chaque touche de couleur est faite avec une petite éponge ronde, alors ça prend du temps… ».

Encore du grand Magali… Quand je l’avais rencontrée il y a 6 ans, elle avait passé la nuit à repeindre son atelier en bleu profond façon fonds sous-marin, avec Hadrien évidemment. Il y a des couples qui font plein d’enfants, d’autres qui tiennent une pharmacie, d’autres qui escaladent des montagnes (le mien, de couple), eux ils peignent des murs, mais ils font ensemble tout le reste aussi. Je trouve ça héroïque, romanesque et fascinant.

On s’installe sur le canapé, Magali a préparé de grands plateaux qui présentent ses nouvelles collections, et pendant que fiévreusement, j’essaye tout, elle m’explique pourquoi elle a eu envie de démarrer une nouvelle marque à son nom, MAGALI PONT.

« J’ai eu un troisième enfant il y a deux ans, et là, c’était trop. J’ai tout arrêté. »

Voilà. La tornade a provoqué un crash. Au top, alors que la marque AIME caracolait en tête du hit-parade des marques les plus désirables, Magali a enchainé les partenariats prestigieux. D’abord avec l’enseigne Frojo pour développer sa nouvelle marque Charlet, puis avec Vanessa Bruno à qui elle a dessiné sa première ligne de bijoux, ensuite avec John Galliano qui l’a élue pour créer les bijoux de ses défilés 2017 et 2018, enfin avec Delphine Delafon et Sézane pour des collections capsules. Pendant plusieurs années, Magali a vécu sans souffler, et un nouvel enfant lui a imposé l’injonction vitale… de faire une pause.

La pause a tenu deux ans, pour s’occuper du bébé, se refaire une santé, pour retrouver l’envie de créer. Et puis le naturel est revenu, et le naturel de Magali, c’est de créer des bijoux. Elle a cédé à ses envies tout en se disant qu’elle allait faire autrement : fini la course aux deux collections par an, fini les 150 pièces à produire à chaque collection, fini les matériaux multiples, fini la folie des salons.

Elle a décidé de revenir à l’essentiel, une collection courte qui reprend ses modèles iconiques, la torque, les torsades, la corne, le scarabée, un beau maillon de chaine, le tout sur un matériaux noble unique, le vermeil, l’argent massif qui se pare d’une couche d’or.

J’ai essayé les bijoux de la nouvelle collection de Magali et j’aime tout, ce qui me surprends un peu parce que ce n’est pas exactement ce que je porte habituellement.

Je lui dis en essayant chaque pièce qu’elle est trop forte. Parce qu’elle tape juste, exactement ce qu’on a envie de porter en ce moment, un bijou qui a de la personnalité, qui se voit, qui a du poids tout en étant confortable, qui enlève une tenue. Elle est pile- poil dans cette tendance de l’élégance bourgeoise assumée, impeccable jusqu’au bout des ongles et sexy à mort, façon Catherine Deneuve dans La Chamade. Ca me fait l’effet surprenant d’être une autre, ça se voit sur la photo non ?

Un mélange de bohème et d’ultra chic qui est la signature de Magali. J’ai aussi retrouvé dans ses créations la patine de l’antique, avec cette belle médaille ancienne revisitée et montée sur une bélière mobile qui rappelle les pendentifs du 19ème siècle. Magali n’a pas fait deux ans d’archéologie pour rien, la source de ses histoires remonte à des temps lointains.

Le moment du portrait est arrivé, et Delphine mitraille Magali assise sur le dossier du canapé, adossée à sa fresque multicolore.

Malgré ses réticences, je vois bien qu’elle n’a pas du tout oublié un de ses premiers métiers, elle a été la muse et modèle de Laetitia Ivanez, la créatrice des Prairies de Paris. Son regard joue avec les étincelles furtives de l’ardeur et de l’exaltation, elle se tient droite, dans une attitude d’espièglerie féminine qui ne tient qu’à elle.

Je trouve qu’elle est la parfaite ambassadrice de ses bijoux, mais elle fait la moue. Non, elle ne veut plus se mettre en avant, et puis c’est Hadrien qui fait la direction artistique de sa marque, il est tellement doué, elle lui a laissé les rennes, comme sur le premier shooting de sa collection, un style pop fluo un brin pointu pour moi mais intéressant parce que radicalement différent de ce qu’ils faisaient avant.

Mais il faut faire confiance à Magali et Hadrien. Parce que clairement, la force de Magali, elle est bien là, dans cette capacité à créer des bijoux comme elle raconte une histoire ou comme elle peint une fresque, à quatre mains.

Photos Delphine Jouandeau

Texte Sylvie Arkoun

2 Comments:
23 novembre 2020

Que de belles choses!!les anneaux torsades et ceux qui se portent à trois sont superbes!!quel talent!! C’est tjrs une joie de voir que certains sont capables de créer des bijoux beaux, élégants,épurés,et faciles à porter!! Merci!! Mais où trouver ces merveilles!???

23 novembre 2020

Je vous conseille de contacter Magali sur son instagram @magalipont

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hi

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