L’automne est synonyme pour moi de cette partie de l’année où l’on bascule dans la dark face de l’hémisphère nord, ce moment où la lumière se fait la malle vers le sud.
Chacun peut piocher dans sa boite à outil pour affronter cette période de spleen saisonnier : doublement des doses de sport hebdomadaire pour faire le plein d’endorphines, overdoses de chocolat noir, séance quotidienne de luminothérapie, cure de millepertuis, pratique intensive de la méditation, du yoga et du reiki, podcast en boucle de ses humoristes préférés.
Pour ma part, j’ai choisi de croquer dans les fruits d’automne avec les bijoux en émail qui me font de l’œil en ce moment.
L’émail est redevenu à la mode dans la joaillerie depuis au moins 5 ans, en grande partie grâce à la talentueuse créatrice anglaise Alice Cicolini, qui voue depuis toujours une passion pour la technique d’émaillage traditionnelle indienne, le meenarakari.
Diplômée de la Central St Martin School, Alice crée des bijoux inspirés par l’architecture sacrée et les motifs de la route de la soie, son travail réhabilite cette tradition ancestrale venue de Perse, ancrée dans une famille de Jaipur depuis plus de 200 ans.
Alors que dans la tradition indienne, l’émail était réservé au dos des bijoux, Alice en a fait un matériau de premier plan qui joue sur les couleurs flamboyantes de cette matière minérale associée aux pierres.
Malheureusement les bijoux d’Alice sont peu distribués sur Paris, mais d’autres créateurs se sont emparés de cette technique ancestrale qui permet aujourd’hui de donner une touche d’impertinence à une joaillerie jusque-là un peu timide avec les couleurs.
Parce que l’émail, c’est la possibilité de jouer en joaillerie avec les mille couleurs de la nature.
A l’origine utilisée sur les bijoux et les objets de la méditerranée antique, c’est une matière fondante, une pâte composée de différents minéraux, qu’on applique à froid. Elle peut recevoir différentes couleurs pour être appliquée sur des métaux qui supportent sa température de fusion, l’or, l’argent ou le cuivre par exemple.
Une fois chauffée, elle se fixe sur une couleur opaque ou transparente qui peut présenter des iridescences. Grâce aux techniques du champlevé (technique indienne du meenakari) ou du cloisonné, l’artisan peut apposer plusieurs couleurs d’émail sur un même support, permettant ainsi de dessiner des motifs sur le bijou.
Voilà en ce moment mes créateurs fétiches de bijoux émaillés :
Selim Mouzannar, pour le chic intemporel de ses bouquets de bagues aux pierres précieuses soulignées de noir :
Lito chez White Bird pour son œil fabuleux qui voit tout :
Samuel François chez White Bird pour son extravagant bracelet aux médailles baroques multicolores :
Sophie Dagon pour ses délicieuses associations de couleurs à l’esprit vintage et Brooke Gregson chez White Bird pour son émail translucide sur un or délicatement ciselé :
Dorette chez White Bird pour sa ravissante carte à jouer :
Yvonne Léon pour sa bague cœur vert d’eau et Foundrae pour ses médailles ésotériques :
Arthus Bertrand pour le joyeux coup de peps qu’il donne à ses médailles de la vierge :
Et enfin, la belle Marie Lichtenberg qui crée la folie sur ses colliers et bracelets loquets que toutes les filles branchées s’arrachent en cette rentrée : des gri-gris irrésistibles porteurs de promesses à cumuler à l’infini, émaillées à Jaipur, avec amour, évidemment :