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Category Portraits
Talismans climatiques, la joaillerie engagée de Capucine H.

« J’ai travaillé par mots-clés sur l’urgence climatique, je voulais visualiser un iceberg qui fond, un flocon, les différentes surfaces de la glace ! »

Capucine H n’a que 6 ans de plus que Greta Thunberg, vu de ma fenêtre, c’est la même génération.

Leur point commun ? L’urgence climatique.

Leur différence fondamentale ? Greta milite, Capucine créé des bijoux.

La première vitupère les foules pour répandre la terreur d’une fin du monde imminente, la deuxième questionne la science et contemple les microcosmes biologiques pour créer une nouvelle symbolique joaillière.

Entre la terreur et l’émotion, je préfère de loin la deuxième pour me faire passer de la voiture au vélo, du plastique au papier recyclé, du Made in China au Made in France, des matériaux précieux lambda aux matériaux précieux écoresponsables.

La première fois que j’ai rencontré Capucine H au salon Precious Room, elle venait de recevoir le premier prix du prestigieux festival de Hyères dans la catégorie Accessoires. Cette consécration lui avait ouvert les portes de la presse, des ateliers d’art de la maison Chanel et d’une clientèle d’amateurs avertis.

J’avais littéralement flashé sur sa première collection Whalenbergbreen Momentos, du nom immémorable du dernier glacier d’un archipel perdu dans l’Arctique, accolé à Momentum, mot latin qui fait allusion aux Memento Mori, ces talismans en forme de têtes de mort qui nous rappellent fort à propos notre déplorable état de mortels.

Ne cherchez pas de raccourcis chez Capucine, chacune de ses créations est une épopée à elle toute seule !

Après mon enquête sur l’or éthique de la marque JEM auprès des mineurs colombiens certifiés FAIRMINED, j’ai eu envie de continuer de tirer le fil avec Capucine H. Elle m’a reçue dans son atelier lumineux caché dans une verte banlieue.

Longs cheveux bruns, kimono de soie noire et piercings multiples, Capucine a gardé les fossettes et l’intrépidité de l’enfance. Elle n’a peur de rien.

Ni de taper aux portes des plus grands scientifiques du monde, ni de partir trois semaines sur un bateau dans l’Arctique, ni de passer ses journées à photographier un glacier, ni du mental breakdown de la création, ni de foncer dans la cire pour sculpter ses bijoux extraordinairement complexes.

Capucine parle vite, l’urgence climatique n’attend pas, ses mille idées à la minute non plus. Nous nous sommes installées devant son établi inondé d’un rayon de soleil, et elle m’a raconté sa façon bien à elle d’exprimer la sublime et fragile beauté de notre planète Terre.

« J’ai travaillé par mots-clés sur l’urgence climatique, je voulais visualiser un iceberg qui fond, un flocon, les différentes surfaces de la glace ! »

Rien que ce début n’est pas banal. Je n’avais jamais entendu aucun créateur me parler d’une impulsion créative par mot-clé. Cette singularité s’explique par son parcours. Elle a commencé par un bac scientifique, suivi d’une formation de joaillerie à la HBJO qui l’a menée au brevet des métiers d’art, le tout couronné par le diplôme de la Saint Martins School.

La science est sa curiosité, l’or et les pierres précieuses, ses matériaux et la création son mode d’expression.

Elle m’explique que c’est par un angle scientifiquement documenté sur le réchauffement climatique qu’elle se lance dans son premier projet créatif. Après avoir frappé à toutes les portes, elle rencontre Kim Holmèn le président de l’institut polaire, qui l’emmène dans ses bagages lors de son prochain voyage dans l’Arctique. C’est de ce voyage initiatique que va naitre sa première collection Wahlenbergbreen Mementos.

Le processus créatif de Capucine ressemble à une pièce en 3 actes dont elle est l’auteure, la réalisatrice et l’actrice principale.

Et alors que je contemple les derniers protos de sa nouvelle collection Thétys, elle me raconte son fabuleux voyage dans le grand Nord, sort son carnet de dessin recouvert de croquis multicolores de toutes les formes de phytoplancton, m’explique avec fougue l’importance de ce micro-organisme marin dans la photosynthèse.

J’en ai la tête qui tourne… Elle me parle déjà de son dernier voyage au Costa Rica et de sa prochaine collection…

Capucine n’est décidement pas une créatrice de studio, son art se déploie partout où notre planète à quelque chose à dire.

Mais comment fait-elle pour être sur tous les fronts ?

« J’adore tout ! La recherche (le plus jubilatoire!), la création (le plus dur !), la fabrication ! (le plus long !) »

 

Capucine H

Et pour joindre le geste à la parole, elle s’installe devant son établi et en life, sculpte la cire en utilisant ses outils avec des gestes d’une infinie précision.

« Je suis à l’aise avec la cire. Je pars d’un bloc, peu à peu, je dégrossis avec les limes et spatules, puis j’affine avec les outils plus fins.»

Elle m’explique que pour cette fabuleuse bague Icy Queen ornée d’une perle et d’un spinelle gris, elle s’est fait confiance. L’image déjà dans la tête, elle s’est directement mise devant son établi et bim !

J’essaye la bague symbole de la rugosité éclatante des paysages glaciaires, une pièce unique en or blanc recyclé qui ne sera pas reproduite, contrairement à ses modèles iconiques comme la Shield, la Stalactite ou la Breen sur lesquels elle repart d’un moule pour produire plus vite.

C’est bien joli de faire rêver avec la fluidité d’un stalactite, la structure cristalline d’un iceberg, la dentelle graphique d’un flocon de neige, ou la poésie protéiforme du plancton marin.

Mais concrètement, je lui demande comment elle participe au quotidien à l’urgence climatique :

« Je fais tout moi-même, sauf le serti ! »

Bien sûr. Ne pas faire voyager les pièces, rester local, utiliser l’argent vieilli ou laqué plutôt que l’or rhodié, n’utiliser que de l’or recyclé certifié par son fondeur et des pierres de centre traçables, pousser ses clients à réutiliser leur or et leurs pierres… Capucine lie ses actes à sa parole, ou plutôt à sa création.

Pas trop fatigant Capucine d’être sur tous les fronts ? Elle s’exclame :

« Tout est trop bien, je vis une période géniale ! »

Madone rock inspirée sous le rayon du soleil, Capucine prend la pause 5 minutes avant de repartir au combat, plus que quelques jours pour finaliser les derniers protos de sa nouvelle collection Téthys pour le salon REVELATIONS

CQFD ! L’engagement pour l’urgence climatique ça rend heureux, à condition de partager la beauté, pas de brandir la peur…

Texte Sylvie Arkoun

Photos Delphine Jouandeau

4 Comments:
15 juin 2023

Merci pour cet article passionnant et la découverte de cette talentueuse créatrice !

16 juin 2023

Merci Caroline !

19 juin 2023

On a envie de tout ! Merci Sylvie pour la découverte de cette passionnée passionnante !

19 juin 2023

Merci Laurence ! Je switch en MP pour des News 😘

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