Avec l’âge, il y a beaucoup de choses qui se détériorent (la loi de la gravité est une malédiction pour le corps humain), mais il y en a une qui croit et embellit, c’est l’intuition. Ce sentiment diffus que quelque chose fonctionne ou ne fonctionne pas, une sorte de capteur intérieur des bonnes et les mauvaises ondes.
Le confinement a été un moment propice à ce type de ressenti : forcée à l’immobilité, mes antennes ont développé leur sensibilité, notamment sur les bonnes et les mauvaises ondes de ma maison. J’ai fui ma chambre trop petite pour installer mon campement dans une pièce absolument pas aménagée mais totalement ouverte sur le jardin. Et là, sur ma petite table d’appoint et une mauvaise chaise agrémentée d’un coussin, j’ai enfin pu me concentrer sur ce que j’avais à écrire. J’étais exposée plein sud, les yeux s’échappant de mon écran d’ordinateur pour vagabonder dans la verdure ou sur la ligne d’horizon. Autant dire que cette expérience a pris tout son sens à la lumière de ma rencontre avec Caroline Watelet.
J’ai réalisé que nous faisons partie d’un tout, et que ce qui compose notre « moi » se trouve aussi dans notre environnement extérieur.
Caroline est designer d’intérieur, un métier créatif qui répond à des principes esthétiques et rationnels bien connus. Que dire de plus sur ce sujet ?
C’est quand on m’a expliqué, qu’elle soignait aussi les maisons et les appartements que j’ai tout de suite eu envie de rencontrer Caroline.
Elle tombait pile-poil dans ma récente curiosité pour des formes de spiritualités ancestrales : l’art du Feng Shui, la géobiologie et la lithothérapie ont des connections avec le chamanisme et l’astrologie, des croyances liées à la nature et au cosmos qui sont les sources d’inspiration de Diane de Monoki-LA dont j’ai fait le portrait récemment.
Caroline est de ma génération, ça créé aussi des liens.
Bac au milieu des années 80, parcours de business women dans la communication, la production audiovisuelle et l’édition qui dure un bon moment, et puis changement de vie professionnelle en 2017, au détour d’une mission dans une agence d’architecture.
Ce qui m’a frappée dans la démarche de Caroline, c’est qu’elle ne fait pas de la décoration de la maison une démarche purement esthétique. Bien sûr elle aime ce qui est harmonieux, elle a fait l’école Boulle pour acquérir de solides compétences en design, mais c’est l’aspect spirituel et psychologique de l’environnement qui guide sa démarche. Elle est convaincue que le décor de notre maison est le miroir de notre inconscient, qu’il peut révéler nos blocages comme nos aspirations, et qu’en maitriser l’équilibre, c’est libérer de l’énergie pour avancer dans la vie.
Entre maître Feng Shui, sourcier radiesthésiste, chamane taoïste, fée clochette du rangement et medium purificatrice des mauvaises ondes, Caroline Watelet a développé une méthode de nettoyage, d’aménagement et de décoration des maisons qui n’appartient qu’à elle, et qui m’a donné envie de découvrir son univers.
Avec Delphine, ma photographe, nous sommes arrivées chez Caroline un de ces jours de canicule où Paris sent l’asphalte surchauffé, la mauvaise poussière et la pollution. La rue Vaneau ressemblait à la ruelle d’une ville méditerranéenne pendant la sieste, déserte et torride. Caroline habite au premier étage d’un immeuble ancien, dans un appartement ravissant au plan parfait, un carré traversant entre une cour pavée occupée par une petite chapelle, et la rue.
J’ai poussé des Ohhh et des Ahhh, j’avais beau avoir vu des photos de son appartement sur son site, j’ai tout de suite adoré les couleurs, les matières, la lumière douce qui traverse les pièces, la glycine qui déborde des fenêtres et cette subtile touche de nature que Caroline a semé un peu partout, au travers d’objets aux matières organiques, de plantes, de tableaux et de minéraux qu’elle chine depuis toujours.
L’harmonie. C’est ça qui m’a plu immédiatement quand je suis entrée chez Caroline. Son intérieur lui ressemble, on s’y sent bien, on s’y voit y vivre, tout simplement.
Dès notre arrivée, Caroline nous a proposé de faire le tour de l’appartement en pointant certaines particularités du décor ponctuées d’explications sibyllines. Par exemple, devant sa salle de bain, elle a précisé que le miroir sur le mur et la ligne rouge encadrant la porte étaient là pour annuler la fuite d’eau et retravailler les secteurs de la maison… Que dois-je comprendre ?
Dans la chambre de son fils, elle m’explique qu’elle a remanié l’espace pour que l’eau de la douche ne parasite pas toute l’ énergie de la pièce. Je l’ai regardée avec le regard vide de quelqu’un à qui on parle chinois. Elle a rigolé en m’expliquant que justement ça, c’était la base du Feng Shui, et elle nous a proposé de revenir au salon pour m’en expliquer les bases et me présenter ce qu’elle appelle sa boite à outils.
Caroline a eu plusieurs vies. Elle m’explique que depuis toujours, elle adore créer des décors poétiques, elle l’a toujours fait pour elle et pour ses amis, un peu aussi dans son métier de productrice télé, mais que cela lui a pris du temps pour en faire un vrai métier. Elle a eu un déclic en 2016 qui l’a poussée à faire l’école Boulle, puis elle a décidé d’aller plus loin en suivant une formation au Feng Shui ( littéralement vent / eau en chinois), cet art de maitriser les courants et l’énergie positive dans une maison. Parce qu’elle a toujours eu la conviction que son environnement influe sur sa vie, ne serait-ce que parce qu’il remet du merveilleux dans le quotidien, Caroline a plongé dans cette technique ancestrale venue de Chine, ainsi que dans la Géobiologie. Elle n’est pas prosélyte, juste absolument convaincue que le décor vibre, qu’il participe à créer de l’énergie, et que cette énergie est bonne pour la santé.
D’ailleurs, elle parle de sa maison comme d’une personne :« Elle est en bonne ou en mauvaise santé ! »
Elle a toujours eu un fort attachement à la nature, et elle entretient ce lien dans sa maison. C’est sans doute cette intuition, me dit-elle, qui l’a portée vers l’étude du Feng Shui.
« Ton décor te recharge, il te permet d’avancer dans la vie. A contrario, si tu as mal organisé ta maison, si il y a des obstacles, des parasites, ou même une sale histoire qui s’est incrustée dans l’air et les murs, alors tu n’es pas bien, tu dors mal, tu engendres des blocages. Les liens avec la nature sont un ancrage nécessaire, il nous permettent de nous reconnecter avec le cosmos ».
Tout ça me parle, évidemment, j’ai envie de comprendre, il y a beaucoup de bon sens dans ce qu’elle dit. Qui s’est déjà senti à l’aise en rentrant dans un hôpital ou dans une salle de classe ? Tout n’y est que métal, angles aigus et couleurs mornes. Alors qu’en pleine nature, on respire, on se recharge sans même y penser.
On s’assied de part et d’autre de sa table de salon, Caroline me sort un grand papier Canson qui ressemble à un joli nuancier de couleurs, chaque case correspond à un pôle, le nord et le sud, l’est et l’ouest.
C’est parti pour ma leçon n°1 de Feng Shui :
« Ça c’est un bagua, la boussole de la méthode du Feng Shui, elle te donne les 8 grands secteurs de ta maison, qui se découpent en fonction de leur orientation, et qui correspondent à des domaines d’épanouissement personnel : par exemple, le sud représente la reconnaissance et la notoriété, et le nord le chemin de vie et la carrière. A l’est il y a la famille et la santé, à l’ouest les enfants et la créativité. A chaque secteur, est attribué un univers de couleurs et de matières. Il est recommandé de les utiliser dans ces secteurs pour optimiser la circulation de l’énergie dans ta maison. Voilà. »
Je ne sais pas lire une carte. Désorientée, je retourne dix fois le bagua en calque sur le plan de l’appartement de Caroline. Je réalise que c’est parce que son salon est au sud-est qu’elle a mis des touches de vert céladon, de bois et d’eau. Ces couleurs et ces matières qui correspondent à l’orientation de la pièce nourrissent le secteur de vie qui s’y attache, la richesse et la prospérité donc ! Bingo, ça prend forme !
Mes yeux font des allers–retour entre le bagua et chaque objet de sa décoration, Caroline me répond, elle donne un sens à tout. Enfin presque. Parce que dans la cuisine, l’immense miroir ancien un peu tacheté qui nous renvoie une douce image vintage de nous même n’a pas de raison particulière d’être là, si ce n’est qu’elle a eu un coup de cœur pour l’objet.
Par contre, les touches d’orange ont du sens, « terre et feu » pour nourrir le secteur « savoir et éducation ». Le Feng Shui de Caroline reste subtil et raisonnable, pas besoin de repeindre toute la cuisine en orange…
Caroline m’explique qu’elle n’est pas une intégriste, elle adapte les principes de base de la circulation de l’énergie, ce fameux « Chi » qui nous permet de nous sentir bien dans un lieu, en équilibrant le Yin et le Yang. Le Yin, c’est l’énergie qui représente le principe féminin, l’intériorité et la réflexion, et le Yang, le principe masculin, le mouvement et l’action. Mais elle fait tout ça en respectant le goût de ses clients et sa propre vision esthétique.
« Tu vois par exemple, le miroir, c’est pas bon dans une chambre, parce que ça renvoie de l’énergie, ça la démultiplie, donc ça agite. Alors que dans une chambre, il faut du Yin, du calme, de l’intériorité, de la paix, de la douceur. »
Je réalise un truc affreux ! J’ai mis un grand miroir dans ma chambre… C’est pour ça que je dors si mal et que je suis la spécialiste des cauchemars, ma chambre doit être un nid d’ondes négatives, une véritable jungle de fuites d’eaux, un composite de nuages parasitaires, un cas d’école du contresens Feng Shui ! Si il n’est pas en face de ton lit, pas si grave tempère Caroline ! Ouf…
Elle nous fait visiter sa chambre où tout n’est que paix, douceur et sérénité. Pas de désordre, pas de photos d’enfants (mauvais pour la sexualité des parents…), pas de miroir, pas de couleur énervante, pas d’objet agressif, pas de nœuds infernaux de fils électriques.
A ce stade, je suis mure à point pour commander un diagnostic Feng Shui, voir une séance de nettoyage en profondeur de mon espace vital.
Revenues au salon, Caroline m’explique que pour compléter son art, elle pioche dans une boite à outil qu’elle s’est confectionnée sur mesure.
Elle me fait la démonstration de son antenne de Lecher qui détecte les vibrations négatives émises par le réseau tellurique (dit réseau Hartman ou réseau Curry) ou les veines d’eau ou les failles.
Tout ça vient confronter mes propres croyances. En bonne femme de médecin, j’ai toujours eu du mal avec les sciences et médecines parallèles… Et pourtant, je ne demande qu’à m’ouvrir à ces domaines !
« Si je vois que le lit est placé sur un mauvais champ énergétique je le déplace, je t’assure ça change tout ! J’ai des clients qui ont retrouvé le sommeil grâce à un petit réaménagement de leur chambre ! »
Elle se lève et revient vers moi avec deux antennes en métal à la façon du sourcier de campagne qui va détecter l’eau des sources souterraines. On a beaucoup ri, mais cette technique est utilisée par les paysans depuis des siècles ! Caroline sait que les eaux souterraines ont des influences phénoménales sur les ondes de la maison.
Puis elle s’assied et me décrit son protocole de nettoyage, parce que les mauvaises ondes c’est comme la poussière, il faut faire régulièrement le ménage. Elle utilise des clochettes tibétaines pour les casser, de l’encens et des huiles essentielles pour les purifier, et tape dans ses mains pour les chasser.
Après ce périple qui évoque les moines tibétains et les bouddhas birmans, Caroline me sort son joker, les minéraux qui me fascinent depuis toujours.
Le sujet me passionne. J’aime les pierres précieuses parce que j’apprécie leur beauté et leur poésie, mais bien que je les côtoie depuis des années, je ne me suis jamais penchée sérieusement sur leurs vertus thérapeutiques. Caroline est absolument convaincue par le pouvoir des minéraux, leur capacité à amplifier les énergies et à purifier l’atmosphère de ses mauvaises ondes. Elle a étudié la lithothérapie, et elle m’explique que par leur capacité d’émetteur/récepteur, les pierres sont un vecteur essentiel de ses rituels de purification.
Fan de bijoux, elle porte une accumulation de colliers de pierres et de perles. Nous partageons la fascination pour la labradorite, cette sublime pierre aux reflets mordorés-bleus-verts, qu’elle porte en sautoir et sur la bague de sa main. Pour elle, les minéraux sont les bijoux de la maison, ils ont certes un rôle décoratif mais pas que.
A titre d’exemple, elle nous montre ses gouttes de cristal de roche à suspendre pour diffracter la lumière et amplifier les énergies. La géode d’améthyste violette doit absolument trouver sa place dans la maison car elle harmonise, purifie et éloigne les cauchemars. La cornaline orangée décuple la confiance en soi, l’œil de tigre éloigne le mauvais œil, le quartz rose apporte amour et douceur, l’opale provoque la richesse, le jade préserve la santé et la tourmaline noire protège des ondes électromagnétiques. Fascinée, je touche chaque pierre avec recueillement comme si elle me révélait soudain un monde nouveau.
Nous prenons une photo des pierres de Caroline sur sa cheminée, devant cette image d’une madone aux yeux clos, la spiritualité féminine moderne dans toute sa splendeur.
Delphine a fait mille photos de Caroline, on a beaucoup ri sur notre incapacité à poser de façon naturelle devant une caméra. Mais aussi surement que Caroline a des visions sur les mauvaises ondes qui polluent une maison, Delphine a un don pour capter la bonne lumière sur son modèle pour mettre en valeur son meilleur profil.
Cet après midi, j’ai croisé mon chemin de Damas. Le Feng Shui, la géobiologie et la lithothérapie ne m’apparaissent plus comme des pseudos-sciences ou les accessoires farfelus de la décoration mais un art de vivre, une forme de spiritualité poétique qui fait du sens.
On a eu du mal à se quitter parce que j’étais déjà en train de lui demander une consultation pour l’aménagement de ma maison.
Merci à Caroline de m’avoir ouvert l’esprit à son art, je suis prête à lui soumettre le plan de ma maison, pour la rendre belle et éviter de placer ma tête de lit dans un nid d’ondes à cauchemars, et pour ouvrir la porte à une énergie vitale toujours renouvelée.
Merci à Delphine Jouandeau pour ses jolies photos !
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